February 13, 2005

  • Eight is a Gate

    “The old men know
    when an old man dies.”
    – Ogden Nash

    “Heaven is a state,
    a sort of metaphysical state.”
    – John O’Hara, Hope of Heaven, 1938

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    But in a larger sense…

    Mais il y a un autre sens dans la dédicace que je
    trouve plus profond encore. Il s’agit de se dédier soi-même. Le terme
    que l’on traduit par dédicace est en japonais ekô, littéralement “se tourner vers”. Il est composé de deux idéogrammes, e qui signifie “tourner le dos, se tourner, revenir en arrière” et , “faire face, s’adresser à”.

    Dans l’école Tendai, on explique que ce terme possède trois sens:

    - tourner le dos (e) aux phénomènes et faire face () au principe;
    - tourner le dos (e) au soi et faire face () aux autres;
    - tourner le dos (e) aux causes et faire face () aux effets.

    On
    pourrait dire regarder l’essentiel, regarder autrui et regarder le
    futur. Le terme évoque un retournement. Il s’agit d’aller à rebours de
    nos fonctionnements habituels, de bouleverser nos attitudes, se
    détourner de l’égocentrisme pour aller dans le sens de l’ouverture, ne
    plus se fourvoyer dans l’erreur mais s’ouvrir à la clarté.

    Ekô
    a bien dans les textes bouddhistes un double sens, c’est à la fois
    dédier quelque chose comme la récitation d’un texte mais également se
    dédier soi-même. Dans cette deuxième attitude, c’est soi-même, tout
    entier, corps et esprit, qui est l’objet de la dédicace. Plus qu’on
    donne, on se donne. On trouve les deux sens chez Dôgen qui n’ignore pas le “transfert des mérites” mais qui sait que ekô se confond avec la voie de l’éveil. Il y a par exemple ce passage dans le Shôbôgenzô Zuimonki:

    “Dans
    le bouddhisme, il y a ceux qui sont foncièrement doués d’amour et de
    compassion, de connaissance et de sagesse. Pour peu qu’ils étudient,
    ceux qui en sont dépourvus les réaliseront. Ils n’ont qu’à abandonner
    le corps et l’esprit, se dédier (ekô) dans le grand océan du
    bouddhisme, se reposer sur les enseignements du bouddhisme et ne pas
    rester dans les préjugés personnels.”
    [Buppô ni wa,
    jihi chie mo yori sonawaru hito mo ari. Tatoi naki hito mo gaku sureba
    uru nari. Tada shinjin o tomoni hôge shite, buppô no daikai ni ekô
    shite, buppô no kyô ni makasete, shikiyoku o son zuru koto nakare.
    ]
    (Shôbôgenzô zuimonki, Edition populaire, cinquième cahier, première causerie)

    Le
    français ne peut véritablement rendre la subtilité du choix des mots de
    Dôgen qui utilise des figures de style typiquement chinoises comme le
    chiasme, l’opposition et l’appariement. Il emploie des verbes d’état
    d’une part : se reposer, rester, de l’autre des verbes d’action,
    abandonner (hôge su, lit. “laisser choir”), se dédier (ekô su,
    lit. “se tourner vers”, qui a presque ici le sens de “se jeter”).
    Réaliser l’amour, la compassion, la connaissance et la sagesse
    nécessite une transformation, une conversion, un saut dans l’ailleurs.
    Ce dynamisme permet de quitter le soi égocentré pour entrer dans la
    dimension de l’éveil, ce que Dôgen appelle ici le bouddhisme.

    Ce retournement, ekô,
    possède une double dimension, à la fois interne et externe. D’un point
    de vue intérieur, nous nous dédions à l’éveil, d’un point de vue
    extérieur, nous nous dédions aux autres. Mais l’intérieur et
    l’extérieur sont comme les deux faces d’une même feuille de papier.

    La dédicace universelle:
    une causerie d’Eric Rommeluère

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